Après la 4G voici la 5G
- Le 18/08/2020
- Dans annonces
La 5G vue par Charlie Hebdo
Par PRose
Après la 4G, voici maintenant la 5G,…
…
la cinquième génération d’équipements pour
la téléphonie mobile. Et pour quoi faire ?
Aller encore plus vite, dit-on.
Télécharger des films en quelques
secondes, plutôt qu’en deux minutes sur
son smartphone, et jouer à des jeux
crétins encore plus rapidement. La belle
affaire ! Mais la 5G servira surtout à
connecter des objets. Votre frigo, muni de
capteurs vous enverra un SMS pour vous
dire qu’il faut racheter du beurre, et un
système de connexions dans les rues
indiquera à votre bagnole les places de
parking disponibles… Bref, des bénéfices
idiots. En contrepartie, une avalanche
d’emmerdements : économiques,
environnementaux, sociétaux. L’ouverture
est prévue pour fin 2020, et malgré la
mobilisation d’associations qui déposent
des recours et demandent des expertises,
cet énorme bond en avant dans la connexion
numérique est imposé sans la moindre
concertation.
Un poison pour la planète et ses habitants
La
5G, c’est d’abord une explosion sans
précédent du nombre d’antennes. En effet,
elles émettent à de très hautes
fréquences, ce qui représente l’« avantage
» de véhiculer beaucoup d’informations
mais l’inconvénient d’avoir une faible
portée : il faudra donc qu’elles soient
très près de chacun de nous. C’est aussi
des milliards de capteurs pour une
multitude d’objets : de la cafetière à la
bagnole, en passant par la poubelle ou le
frigo.
Cette
hyperconnectivité entraîne d’énormes
besoins en matières premières pour les
circuits électroniques, lesquels
conduisent à d’innombrables désastres
écologiques, comme les mines de coltan au
Congo ou de lithium en Bolivie – pour ne
citer que deux exemples parmi bien
d’autres. Ce sera donc toujours plus de
déchets électroniques dont très peu sont
recyclés (à peine 20% selon les
estimations les plus optimistes). Et
n’oublions pas qu’il faudra déjà commencer
par changer tous les téléphones existants
; en fait la 5G est un vaste programme
industriel guidé par l’obsolescence
programmée.
Il
faut aussi parler de l’impact sur le
changement climatique. D’un côté, on
prétend réduire le réchauffement en allant
de moins en moins vite sur les routes. De
l’autre on ne cesse d’augmenter la vitesse
dans les circuits électroniques… Alors que
les dégâts générés sont tout aussi
importants ! Si l’on tient compte de la
consommation des appareils et de la
production des équipements, le numérique
pollue autant que le transport aérien (4%
des gaz à effet de serre, selon les
estimations du think thank The Shift
Project).
A
cela, ajoutez la pollution sociétale. Avec
la 5G, nos moindres comportements seront
enregistrés. C’est déjà plus ou moins le
cas avec les réseaux sociaux et internet,
mais nous serons propulsés dans un
cataclysmique bond en avant. Que ce soit
le contenu de nos poubelles ou le nombre
de cafés que nous ingurgitons dans la
journée, toutes ces données seront
captées, numérisées, stockées. Cela
servira d’abord à nous inonder encore
d’avantage de pub, et à peaufiner de
perverses stratégies marketing. A partir
de là, toujours plus de consommation … et
donc de pollution. Sans parler des risques
pour la surveillance généralisée des
citoyens …
Bref,
la 5G ne sert à rien, hormis au profit de
ceux qui vont nous vendre leurs antennes
et leurs équipements en créant d’inutiles
besoins. Profit que nous allons tous payer
par un empoisonnement global.
Hégémonie Huawei : la dictature chinoise très près de chez vous
Pour
voir mamie en vidéo sur son téléphone, il
faut plein de technologies. La première
entreprise au monde dans ce domaine, celle
qui fournit en matériel les opérateurs
téléphoniques (Bouygues, SFR et
compagnie), c’est Huawei dont l’idéogramme
chinois signifie « bel ouvrage ». Fondée
en 1987 à Shenzhen par un ancien colonel
de l’armée populaire de libération, cette
entreprise de près de 200 000 salariées
est détenue par ses employés, ce qui
permet à ses dirigeants de la comparer,
sans rire, à un kibboutz.
Huawei
est surtout une machine de guerre
géopolitique, disposant d’un
quasi-monopole sur le territoire africain.
Multipliant les cas d’espionnage, Huawei
est néanmoins présente à
Boulogne-Billancourt (92),
Issy-les-Moulineaux (92), Lyon et
Grenoble. En 2015, Huawei s’allie avec le
français Alstom pour installe des «
caméras intelligentes » à Valenciennes
(59) ; L’année suivant, Jean-Louis Borloo,
ex-ministre et ancien maire, rejoint le
conseil d’administration d’Huawei-France,
qu’il devait présider avant de reculer
devant le tollé général.
Trump,
qui ne fait pas que des conneries, a vu le
danger : en 2018, Meng Wanzhou, directrice
financière de la boite, est arrêtée pour,
entre autres, fraude bancaire et
électronique, blanchiment d’argent et col
de technologie. Puis, en mai 2019, Trump
bannit l’entreprise des appels d’offres
pour construire les réseaux
outre-Atlantique. Tout comme l’Australie.
Mais
l’Union Européenne n’a toujours pas exclu
Huawei, Ursula von der Leyen ayant
seulement émis de gentillettes « réserves
» concernant le respect de la vie privée.
Il faut dire que Deutsche Telekom a beuglé
que le continent « prendrait deux ans de
retard » si on se passait du monstre
chinois, une chose évidemment
inacceptable.
Pourtant,
les équipementiers européens, le
finlandais Nokia et le suédois Ericsson,
savent très bien faire le job. Mais, comme
l’a dit Thierry Breton, notre brave ancien
ministre de l’économie désormais
commissaire européen au marché intérieur,
« nous
respectons évidemment tous nos
partenaires, y compris la Chine, qui est
un très grand pays. Mais nous ne sommes
absolument pas naïfs ».
Dormez tranquilles petits démocrates
européens, Xi Jinping s’occupe de tout.
Elle excite les complotistes
Comme
toute nouvelle technologie, la 5G est
l’objet de phantasmes et de délires
complotistes. Tout est parti de Thomas
Cowan, un médecin américain du courant de
l’anthroposophie et chantre des militants
anti-vaccins. Dans une vidéo, il prétend
que le Covid est une conséquence de la 5G
: « quand vous exposez n’importe quel
système biologique à un nouveau champ
électromagnétique, vous l’empoisonnez ».
Il fait un parallèle avec la grippe
espagnole du début du XXème siècle qui
aurait été favorisée par l’apparition des
ondes radio. Le succès de cette théorie
est tel que des antennes-relais ont été
incendiées au Pays-Bas, en Belgique et au
Royaume-Uni. D’autres théories ont même
affirmé que le coronavirus n’existe tout
simplement pas, qu’il est un prétexte au
développement de la 5G, elle-même
responsable des morts attribués à la
pandémie. Ces théories ont toutes été
réfutées par de spécialistes du virus. Le
pire est qu’elles ont aussi été relayées
par des personnalités influentes, comme
Juliette Binoche qui écrit sur instagram :
«
mettre une puce sous-cutanée pour tous,
c’est NON. NON aux opérations de Bill
Gates, NON à la 5G ». Si
la 5G doit être critiquée, ce n’est pas en
lui imputant tout et n’importe quoi qu’on
en viendra à bout.
La santé sous tension
Depuis
longtemps, les champs électromagnétiques
sont soupçonnés de provoquer tumeurs du
cerveau, baisse de la qualité du sperme,
infertilité… Soupçonnés seulement car,
malgré des faisceaux d’indices
concordants, il est en l’état actuel des
connaissances scientifiques difficile
d’affirmer que ces ondes sont responsables
de tous ces maux. D’autant que deux camps
font face. Des opposants au bombardement
qui citent des études où la causalité est
très probable versus les promoteurs des
radiofréquences qui brandissent des
rapports ultra-rassurants. Au milieu : la
santé.
Dans
ce contexte, l’arrivée de la 5G réveille
les tensions. Les associations Agir pour l’Environnement
et Priartem
ont déposé des recours auprès du Conseil
d’Etat pour demander « la suspension de la
procédure d’attribution des fréquences 5G
en application du principe de précaution ».
Une autre plainte portée par 500 militants
écolos au tribunal judiciaire de Paris
demande aux opérateurs mobiles « de prendre des mesures
efficaces sur la prévention du risque pour
la santé humaine [..], et l’innocuité de
cette technologie ». Tous réclament un
moratoire avant toute installation.
Logique : devant l’existence de risques
pour la santé, on suspend le joujou
technologique, surtout vu l’inutilité du
machin et ses dégâts certains sur
l’environnement. Sauf que non, en fait,
car des intérêts économiques et
géopolitiques colossaux sont en jeu.
Saisie
pour conduire une expertise sur
l’exposition de la population aux champs
électromagnétiques de la 5G et sur les
éventuels effets sanitaires, l’ANSES
(Agence Nationale de Sécurité Sanitaire)
estime, dans son rapport préliminaire
qu’il existe « un manque de données
scientifiques sur les effets biologiques
et sanitaires potentiels liés à
l’exposition aux fréquences » de la 5G.
Bref, pour en savoir plus, il faudrait
plus d’études.
On
souhaite bon courage aux juges. Les
inévitables céphalées dont ils vont
souffrir seront, elles, directement
imputables au dossier 5G.
Libre comme un opérateur télécom : du fric dans les tuyaux
La
5G ? Ça ne sert à rien. L’immense majorité
des particuliers, et même 85% des
industriels n’en ont pas besoin. Par
contre, une fois que le 1,5 milliard
d’abonnés à la 5G promis pour 2025
multipliera les usages vitaux que cette
nouvelle technologie permet (jeux en
ligne, réalités augmentées …), cela va
être le jackpot : 300 milliards de dollars
pour seulement 60 milliards
d’investissement.
Pourtant,
le 22 mai dernier, coup de tonnerre :
Martin Bouygues, héritier royal de
l’entreprise du même nom, affirme que « la 5G n’est pas la
priorité du pays. » Martin nous tire des
larmes en disant qu’on « ne construit pas la
technologie de demain contre la jeunesse
» et que les Français frappés par la crise
jugeront « indécente
» la bataille à coups de milliards des
quatre opérateurs pour acquérir les
fréquences 5G. En fait, ce qui est
indécent, Martin, c’est d’utiliser la
crise du Covid pour essayer d’obtenir un
gros rabais sur la licence. Pourtant,
Martin et ses potes n’ont rien à craindre
: l’Autorité de régulation des
communications électroniques, des postes
et de la distribution de la presse
(Arcep), censée surveiller, est une « autorité administrative
indépendante ». En français, ça veut
dire qu’elle fait ce qu’elle veut, loin du
gouvernement eu du parlement. Elle a
d’ailleurs été créée pour ça quand on a
supprimé le service des PTT, anciennement
soumis, pour de vrai, au ministère du même
nom.
Or,
le pseudo-gendarme des opérateurs se pâme
devant la 5G, en laquelle il voit « une génération de
rupture ». Pas étonnant de la
part d’une institution dont le collège est
bourré d’informaticiens et de
polytechniciens. Pas d’associations de
consommateurs, pas d’écologistes, pas de
sociologues critiques … L’Arcep et ses
potes Free, SFR, Bouygues et Orange
ruinent nos paysages et notre santé,
physique et mentale, en toute impunité.
Euh, en toute indépendance, pardon.
Décervelés par la 5G
Elon
Musk, le milliardaire mégalo, envoie des
milliers de « satellites 5G » en orbite
pour constituer un maillage autour de la
planète : avec Starlink, chaque point du
globe pourra bénéficier de la 5G.Dans le
même temps, avec une autre société,
Neuralink, Musk travaille à mettre au
point des implants cérébraux pour obtenir
une interface entre les neurones et les
ordinateurs. Ça a déjà été maintes fois
imaginé, jamais réalisé. Sauf que Musk a
mis des moyens financiers colossaux, il a
recruté les meilleurs neurochirurgiens et
spécialistes des neurotechnologies. Payés
un pont d’or, ils n’auront aucun scrupule
et sont persuadés d’œuvrer pour le bien de
l’humanité ; les applications militaires
et médicales sont innombrables. En
branchant les cerveaux sur les
ordinateurs, Musk veut « marier
l’intelligence humaine et l’intelligence
artificielle », augmenter notre capacité
mémorielle et surtout aller plus vite :
pour passer une commande sur internet, on
ne perdra plus un temps fou à taper sur un
clavier, on « pensera
» la commande, sans l’énoncer. Musk
prévoit que le « langage humain deviendra
obsolète
» : le désir et la demande
sont court-circuités, c’est la
psychopathie 2.0, le passage à l’acte à la
vitesse de la 5G.pour que la vitesse des
échanges sur internet s’approche de la
vitesse de communication entre les
neurones. Neuralink a besoin de Starlink
et Starlink a besoin de SpaceX pour lancer
les « satellites 5G ». Si vous voulez
connaitre la suite, lisez Neuromacien,
de William Gibson, un roman qui avait
lancé un genre à part entière au sein de
la SF : le cyberpunk.
Pour
voir les deux dessins de Charlie sur le
sujet :