ℕ𝕠𝕦𝕤 𝕒𝕡𝕡𝕣𝕠𝕔𝕙𝕠𝕟𝕤 𝕕’𝕦𝕟𝕖 𝕤𝕠𝕔𝕚é𝕥é 𝕠ù 𝕝𝕒 𝕔𝕠𝕟𝕤𝕠𝕞𝕞𝕒𝕥𝕚𝕠𝕟 𝕤𝕖𝕣𝕒 𝕥𝕠𝕥𝕒𝕝𝕚𝕥𝕒𝕚𝕣𝕖. ℂ𝕖𝕥𝕥𝕖 𝕒𝕝𝕚é𝕟𝕒𝕥𝕚𝕠𝕟 𝕖𝕤𝕥 𝕦𝕟𝕖 𝕡𝕣𝕚𝕤𝕠𝕟 𝕤𝕒𝕟𝕤 𝕧𝕚𝕤𝕒𝕘𝕖, 𝕕𝕠𝕟𝕥 𝕚𝕝 𝕗𝕒𝕦𝕕𝕣𝕒 𝕡𝕠𝕦𝕣𝕥𝕒𝕟𝕥 𝕥𝕣𝕠𝕦𝕧𝕖𝕣 𝕝𝕒 𝕤𝕠𝕣𝕥𝕚𝕖 𝕥𝕒𝕟𝕥 𝕟𝕠𝕥𝕣𝕖 𝕞𝕠𝕕𝕖 𝕕𝕖 𝕧𝕚𝕖 𝕖𝕤𝕥 𝕚𝕟𝕥𝕖𝕟𝕒𝕓𝕝𝕖.



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Le progrès technique et technologique nous libère peu à peu de la nécessité. Les productions agricoles ou industrielles s’éloignent de nous. Nous ne sommes plus sommés de produire, mais de consommer toujours davantage une myriade d’objets et de services, une myriade de rêves et de possibles. Et si nous ne voulons pas de ces rêves, si nous ne voulons pas de ces possibles, nous devenons un grain de sable dans les rouages de la machine, nous devenons une épine dans le pied du pouvoir. Avons-nous encore le droit d’explorer d’autres voies, de chercher d’autres pistes ?
Nos sociétés démocratiques ont fait de la consommation une activité totale, qui ne supporte plus aucune contradiction, plus aucun écart, plus aucune divergence.
« Ce que nous avons devant nous, c’est la perspective d’une société de travailleurs sans travail, c’est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire. »
« Une humanité totalement “libérée” des entraves de l’effort et du labeur serait libre de “consommer” le monde entier et de reproduire chaque jour tout ce qu’elle voudrait consommer. Combien d’objets apparaîtraient et disparaîtraient à la journée, à l’heure, dans le processus vital d’une pareille société ? »
Dans cette société, même les loisirs de l’homme moderne « ne sont consacrés qu’à la consommation, et plus on lui laisse de temps, plus ses appétits deviennent exigeants, insatiables. Ces appétits peuvent devenir plus raffinés, de sorte que la consommation ne se borne plus aux nécessités mais se concentre sur le superflu : cela ne change pas le caractère de cette société, mais implique la menace qu’éventuellement aucun objet du monde ne sera à l’abri de la consommation, de l’anéantissement du monde par consommation. »
Comment pouvons-nous accepter l’anéantissement du monde par la consommation ? C’est peut-être l’absence de « visage », au sens d’Emmanuel Lévinas, qui permet de tolérer cet anéantissement. Voir le visage de celui qui produit, voir le visage de celui qui fabrique, soumis à notre volonté totale de consommation : ce serait prendre le risque de mettre fin au désir de consommation. Ce serait prendre le risque de toucher du doigt une réalité : notre mode de vie est intenable.
Au sens propre, notre mode de vie ne tient à rien : ni aux anciens que nous bradons à des entreprises cotées en Bourse ni aux paysans que nous jetons en pâture au marché mondialisé. Alors, on peut montrer du doigt les zadistes, on peut montrer du doigt les décroissants, mais on ne peut pas montrer du doigt ce qui n’a pas de visage. On ne peut pas montrer du doigt notre enfermement.
La consommation est totale, elle est partout. Il est interdit d’en sortir. Et bientôt, nous ne ressentirons plus le besoin d’y échapper. Bientôt, nous serons enfermés dans un monde multiplié à l’identique, comme ces zones commerciales avec les mêmes magasins, avec les mêmes enseignes, que nous soyons en Europe ou en Asie. Nous pourrons alors consommer les mêmes produits, les mêmes objets, les mêmes services, indéfiniment. Nous serons comme ces bourgeois dans le film L’Ange exterminateur, de Luis Bunuel. Enfermés dans une prison sans mur ni barreaux, tout semblera aller bien, tout semblera normal, jusqu’au moment de partir, jusqu’au moment de sortir…
Quand nous éprouverons une douleur et une perte que nous ne connaissions pas, quand nous n’en pourrons plus d’anéantir le monde par la consommation : nous essayerons de trouver une porte de sortie. Pour la trouver, nous aurons besoin de la sensation de la pluie sur notre peau, nous aurons besoin de l’odeur des foins et de l’herbe fauchée. Nous aurons besoin d’un visage qui nous interpelle.
D'ₐₚᵣₑₛ ₘₐₜₕᵢₑᵤ Yₒₙ

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