Zones humides: entre terre et eau, une fonction vitale


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Elles sont les reins de notre région, ceux qui épurent, filtrent et stockent son eau. De véritables éponges utiles contre les inondations, réservoirs de biodiversité, créateurs de milieux naturels. Et pourtant, les zones humides disparaissent de notre territoire des Hauts-de-France. Pourquoi ? Comment les préserver ? Comment en recréer ? Les réponses d’experts, en partenariat avec l’Agence de l’eau Artois-Picardie. Une conférence à revoir en vidéo.

À tort ou à raison, on pense souvent à la pluie lorsqu’on évoque le Nord de la France, un certain film à très grand succès ayant été, il y a quelques années, le bienvenu chez les Ch’tis pour leur rappeler la valeur de leur eau, véritable ressource patrimoniale.
On remonte alors le temps. Les marais sont partout, ils ont mauvaise réputation et la grande œuvre médiévale peut commencer. Les puissantes abbayes carolingiennes, Saint-Bertin à Saint-Omer, Saint-Waast à Arras, Liessies, Anchin… déploient d’immenses efforts de moines pour assécher, domestiquer, drainer les zones humides. Place aux céréales et aux légumineuses ! Le Nord devient vite terre nourricière, les marais et tourbières gênent, les cours d’eau sont artificialisés, la tourbe est surexploitée pour remplacer le bois de chauffage, trop cher.

Perdre les eaux

Les Hauts-de-France étaient encore pourtant une vaste zone humide au début du XXe siècle. Il reste aujourd’hui près de 20 000 km de voies d’eau mais ces marais, plans et cours d’eau, tourbières ou prairies inondables ne représentent plus que 0,8 % du territoire des seuls Nord et Pas-de-Calais. « Nous ne sommes malheureusement pas en phase de reconquête mais nous savons bien préserver les zones humides encore existantes », résume Estelle Chevillard, chargée des zones humides à l’Agence de l’eau Artois-Picardie.

La pression de l’activité économique et du logement continue de sacrifier de petites zones humides, ici et là. Leur intérêt écologique est mal connu, peu d’élus locaux ou régionaux y sont réellement sensibles, les inventaires de territoire coûtent cher, le temps manque, comme les données sur les impacts économiques positifs des zones humides sur un territoire (elles évitent de dépenser 2 000 € par hectare par l’économie d’infrastructures de gestion des niveaux d’eau comme les bassins de rétention en béton).

Bijoux de famille

Il reste les joyaux, réserves naturelles régionales ou nationales. Le marais audomarois et celui de la Scarpe-Escaut en tête, deux sites classés Ramsar, ce label qui assure une protection internationale. Puis sur 200 km, la baie et la vallée de la Somme, le plus grand réservoir de tourbe de la région mais touchée depuis deux ans par la sécheresse, avec des prélèvements sur ses zones humides, en voie d’assèchement. Mais pensons aussi aux marais de Sacy dans l’Oise, de la Souche sur 3 000 hectares ou de Cucq, près du Touquet.
Autant d’îlots humides précieusement sauvegardés dans un paysage qui perd son eau ? L’Agence de l’eau accompagne les collectivités dans leurs projets d’acquisitions foncières ou de restauration des milieux naturels. Il faut bien cela pour réconcilier une région entière avec son histoire séculaire.